Lors de la session du Grand Conseil du 24 juin, les comptes 2024 ont été approuvés à l’unanimité. Ils présentent un bénéfice record de 56,4 millions – 110 millions avant les mises en réserve. Une réserve qui avoisine les 550 millions de francs. Pour le groupe VertPOP, il est temps d’investir pour la population.
Le groupe souhaite que le canton investisse dans la formation, la transition écologique, pour les aîné.e.s, dans les transports publics – les tarifs sont rédhibitoires pour certaines couches de la population.
Les comptes, c’est aussi l’occasion de poser des questions d’actualité ou non. En voici un résumé non exhaustif:
Emploi/Chômage: pourquoi le nombre de pénalités augmente?
Le popiste Cédric Dupraz a demandé : « Comment expliquer que les pénalisations des chômeurs ont quintuplé alors que le chômage a certes augmenté mais pas quintuplé ? Pourquoi le nombre d’emplois frontaliers a-t-il augmenté alors que le chômage remonte? »
En charge de l’Emploi, Florence Nater a expliqué qu’il n’y avait pas eu d’explosion des pénalités, mais que les hausses étaient liées à une réorganisation interne dans la prise de décision des pénalisations. Quant à la hausse d’emplois frontaliers, elle reste liée aux compétences recherchées par les entreprises. Le Canton entend poursuivre ses efforts en termes de formation pour améliorer l’employabilité de la population.
Santé publique: a-t-on économisé dans la prévention?
La popiste Aurélie Gressot a voulu savoir pourquoi un montant de 800000 francs prévu pour la prévention n’avait pas été utilisé et s’il était prévu de l’utiliser en 2025? En charge de la Santé, Frédéric Mairy s’est voulu rassurant. Cette somme sera utilisée ultérieurement.
Education: qu’en est-il de la stratégie numérique?
la popiste Sarah Blum a posé plusieurs questions concernant l’éducation: « L’introduction de l’éducation numérique touche à sa fin : le crédit d’engagement de 25 millions pour la période 2020–2025 arrive à échéance. « Le Conseil d’État prévoit-il de solliciter un nouveau crédit pour l’éducation numérique ou entend-il intégrer ces dépenses dans les amortissements et le budget de fonctionnement? Nous aimerions également savoir si des ajustements sont envisagés dans l’orientation actuelle de sa politique en matière d’éducation numérique. » En charge de l’Education, Crystel Graf a répondu en substance qu’il n’y avait pas de nouveau crédit prévu et que la volonté du canton était de s’assurer que l’école réponde aux défis et demandes du monde du travail.
Quid de la matu en 4 ans?
Concernant la maturité gymnasiale en 4 ans, « le Conseil d’État a évoqué une éventuelle solution mixte, sans toutefois en préciser les contours techniques. Nous avons également appris qu’une commission externe travaille sur cette question, sans qu’aucun membre du législatif n’y soit associé. Le calendrier s’accélère : dans quelques années à peine, les premières volées devraient débuter leur cursus en 4 ans. C’est demain… Notre groupe s’inquiète dès lors que le projet ne parvienne trop tard sur nos pupitres, au risque que le Grand Conseil n’ait plus qu’un rôle purement formel dans cette réforme majeure. Le Conseil d’État peut-il nous rassurer à ce sujet ? Où en sont les travaux de la commission ? Et surtout : quelle place le législatif aura-t-il réellement dans cette décision ? »
Crystel Graf a relevé qu’il existe un Comité de pilotage regroupant des services cantonaux, des syndicats, des représentant.e.s des associations de parents, des milieux économiques, des communes, des directions scolaires et que le travail parlementaire aura lieu en temps voulu. L’objectif est de diminuer le taux de redoublement au lycée.
Elle a aussi demandé des précisions concernant le nouveau dispositif d’insertion professionnelle Restart. Selon le Conseil d’Etat, « le taux de certification des jeunes jusqu’à 25 ans a augmenté, plaçant le canton de Neuchâtel parmi les premiers de Suisse. Cette affirmation soulève plusieurs interrogations. Jusqu’à présent, il a toujours été indiqué que le canton n’était pas en mesure de produire ses propres statistiques, et que les seules données disponibles provenaient de l’OFS. Or, selon les dernières données publiées sur le site de l’OFS, le taux de certification des jeunes jusqu’à 25 ans s’élève à 89 % pour Neuchâtel, soit en dessous de la moyenne nationale. Si le canton est désormais capable de produire ses propres chiffres, nous souhaiterions en connaître la méthodologie et avoir accès aux taux de certification par région. En effet, avant la suppression des districts, des disparités notables existaient, notamment avec les Montagnes neuchâteloises, qui affichaient alors le taux le plus faible de certification de Suisse. Le Conseil d’État peut-il clarifier ces éléments et nous indiquer les sources sur lesquelles il fonde ses affirmations ? Qu’en est-il du taux de certification des Montagnes et des autres régions ? »
Crystel Graf a réaffirmé que les chiffres/constats viennent de l’OFS. Le taux de certification cantonal en 2024 était de 89.4% contre 90.1% au niveau national, soit une différence assez faible. Si le taux a pu augmenter ces deux dernières années, c’est le résultat des efforts du Canton. Concernant, les détails par régions, elle a redit qu’il n’est pas possible de les obtenir car les chiffres viennent de l’OFS.
Pour le POP, ne pas pouvoir avoir des chiffres par régions est problématique dans la mesure où les Montagnes avaient un des taux de certification les plus bas de Suisse avant la disparition des districts. Pouvoir analyser plus finement les réalités est une nécessité pour réduire les disparités régionales.
Le taux de rotation au CPNE est-il en hausse?
Concernant le CPNE, Lara Zender a demandé comment s’expliquait l’écart de 4,7 millions, en partie lié à une rotation du personnel au sein du CPNE. « Nous souhaiterions dès lors savoir si cette rotation est effectivement plus marquée que les années précédentes, notamment en comparaison avec la période précédant la centralisation des écoles professionnelles. Nous profitons également de cette occasion pour demander au Département où en est le traitement du postulat 23.223 de la Commission éducation, portant sur le bilan de la création du CPNE, dont l’un des points d’attention portait précisément sur cette problématique. »
Pour Crystel Graf, le taux de rotation est surtout le résultat d’un renouvellement naturel. Cela a par contre un effet sur les échelons salariaux qui donc sont moins élevés. Le taux de rotation est équivalent aux années précédentes, quant au postulat elle y répondra dans les temps impartis, soit en août 2026.
Une autre question concernait la culture dans les écoles professionnelles: « Lors de la dernière législature, notre Parlement a inscrit un nouvel article dans la loi sur la formation professionnelle (art. 6, al. e), affirmant l’importance de développer le sens critique et l’autodétermination des apprenti.e.s, notamment par une sensibilisation régulière aux activités culturelles au sens large. Or, à la lecture des comptes 2024 du CPNE, le groupe 42 (p. 229) indique une diminution des activités extrascolaires organisées. Par ailleurs, plusieurs échos nous rapportent que des enseignant.e.s motivé.e.s rencontrent des difficultés financières pour mettre en place des activités culturelles et les voyages d’études sont désormais menacés dans certains pôles.
Dès lors, nous souhaitons savoir quelles mesures concrètes le Conseil d’État entend prendre pour garantir la mise en œuvre de cet article de loi et promouvoir activement l’accès à la culture et le développement du sens critique au sein des écoles professionnelles. »
Crystel Graf relève que ces voyages sont facultatifs, sauf s’ils sont explicites dans le plan d’étude. Elle explique qu’il y a une baisse significative en 2024, qui peut s’expliquer d’une part par les surcoûts engendrés par l’interdiction des voyages en avion et d’autre part par le renoncement des élèves qui préfèrent favoriser les voyages entre eux. Pour les activités culturelles, elle explique que le CPNE a plusieurs groupes thématiques qui ont chacun un budget propre. Il y a une progression des activités culturelles depuis plusieurs années.