Le dernier POP Info vient de sortir. Outre les actualités des sections et l’édito de Céline Dupraz appelant à refuser la valeur locative, notre militante Lara Zender revient sur la place des femmes au POP avec le 2e épisode de notre série. Au centre de cette partie, la création d’une commission féminine.
La participation des femmes, tant dans le parti que de manière générale en politique, est un sujet de discussion dès la création du POP. Une des réponses proposées, et ce dès 1946, se concrétise par la création d’une commission féminine, notamment pour défendre l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, ainsi que pour coordonner l’organisation des femmes au sein des partis. Ce double fonctionnement, à but politique et de formation militante, tend à renforcer la participation féminine et à offrir aux femmes un espace à elles.
En 1947, le IIIe Congrès cantonal, sous l’impulsion de Marcelle Corswant, met au vote la création d’une commission féminine cantonale (1) : «Le POP soutiendra particulièrement le point de vue adopté par la majorité du Grand Conseil quant au droit de vote féminin. Nous devons dans nos sections, par la création de groupes féminins par exemple, intéresser davantage la femme aux problèmes sociaux et à l’action de notre parti.»
Il est intéressant de constater que la création de cette commission coïncide avec les discussions politiques pour le suffrage féminin au Grand Conseil. Outre la défense en lien avec les problématiques sociales, il est intéressant de voir que la création de ce groupe valorise le fait que ce soit les femmes qui doivent se saisir de ces thématiques et, sans en être les uniques responsables, devenir des éléments moteurs de ces luttes.
Le développement du militantisme féminin est un élément auquel le parti semble attacher une grande importance, comme l’explique un cours politique sur «les femmes et la jeunesse», datant de 1947 : «La libération de la femme est inséparable de la disparition du capitalisme. Dans une société socialiste, la participation de la femme au travail social se généralise grâce à l’élimination des servitudes anciennes (crèches, garderies, etc.). Sur cette base, accession de la femme à tous les domaines jusqu’ici réservés aux hommes. La question féminine n’existe plus. » (2)
Il est primordial de bien comprendre que tout en s’intéressant aux luttes féministes et à l’organisation des femmes, le but visé par le POP est un changement de société, et donc une union des classes opprimées, la société socialiste résolvant de fait, dans la vision du parti, toutes les oppressions. Cette approche, tout en promouvant l’union des travailleurs et des travailleuses, tend cependant à invisibiliser les inégalités propres au genre.
La Commission féminine va se développer jusqu’au début des années 1950, avant de se fondre dans l’Union des Femmes pour la Paix et le Progrès (section neuchâteloise de la Fédération des Femmes suisses pour la Paix et le Progrès) (3).
Suite au développement de l’UFPP, le parti ne va pas souhaiter recréer en son sein une commission féminine, notamment dans une vision d’égalité et afin de promouvoir la mise sur pied d’organisations féministes de masse, au sein desquelles les militantes popistes pourraient s’investir.
Le prochain article permettra de proposer quelques exemples d’actions réalisées par la commission.
Lara Zender
1)IIIe congrès du POP neuchâtelois, rapport politique par Jean Steiger président cantonal », 1946, p. 18, VCHBVAPR POP_141_104.
2)École neuchâteloise du Parti Ouvrier et Populaire neuchâtelois, cours n°8, « Les femmes et la jeunesse », 1947, p. 2, BVAPR POP_148_104, p. 1
3)L’historienne Pauline Milani a rédigé un ouvrage sur l’histoire de cette association, intitulé: Femmes dans la mouvance communiste suisse. La Fédération des femmes suisses pour la paix et le progrès. Un militantisme entre conservatisme et émancipation, 1952-1969, éd. Alphil, Neuchâtel, 2014.